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Thomas et Lecomte est fait tout au long, avec des détails circonstanciés, par un témoin oculaire et auriculaire, M. le capitaine Beugnot, prisonnier lui-même. Nous lui laissons la parole pour décrire ces tristes scènes. Le capitaine Beugnot faisant partie de l’armée de Versailles, sa véracité ne sera pas suspectée par les adversaires de la Commune.

Voici son récit :

“ J’ai été fait prisonnier par les insurgés, ” dit-il, “ à neuf heures du matin au haut du boulevard Magenta ; j’étais à cheval accompagné d’une escorte de deux cavaliers, et chargé par le général Le Flô, ministre de la guerre, d’explorer les quartiers de Belleville et de Montmartre, pour lui rendre compte de l’opération projetée de l’enlèvement de canons.

“ Malgré les avis de nombreux passants qui, voyant un officier en uniforme s’avancer vers un quartier déjà fort agité, craignaient pour sa sécurité, je dépassai la gare du Nord, me dirigeant vers les hauteurs ; mais dès que j’arrivai à l’intersection du boulevard Magenta et de l’ancien boulevard extérieur, je fus entouré par un groupe de trente ou quarante gardes nationaux armés qui s’élancèrent d’un poste, saisirent mon cheval par la bride, et le renversèrent à moitié sur le trottoir. Au bout de quelques minutes, plus de 400 forcenés étaient réunis autour de moi, hurlant et gesticulant avec leurs fusils de la manière la moins rassurante : ‘ On vient de tirer sur nous, ’