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quantité dans les rues de Romainville et jusque sur les lignes prussiennes. Les soldats allemands franchirent alors leurs barricades, s’élancèrent en avant au pas de course vers la ligne des fortifications de Paris, pour faire cesser le feu et empêcher la violation du territoire neutre. Ce mouvement en avant nous fut très-favorable, ainsi qu’à nos camarades de la garde nationale ; les lignes prussiennes étant ainsi avancées, nous nous trouvâmes naturellement tous en arrière de ces dernières, et nous n’eûmes plus de difficulté pour fuir à travers la campagne.

Nous entendîmes encore quelques décharges d’artillerie et de mousqueterie. C’étaient sans doute des malheureux prisonniers que les bandits de Versailles fusillaient. Peu à peu le bruit cessa à mesure que nous nous éloignâmes. Bientôt la lutte fut complètement terminée ; les derniers défenseurs de la Commune étaient morts, prisonniers ou en fuite. L’ordre, le massacre, les arrestations en masse, la terreur la plus féroce et la plus sanguinaire régnaient dans Paris dépeuplé. Encore une fois la propriété, la religion, la famille et la société étaient sauvées. Le prolétariat était vaincu par la bourgeoisie, ayant à ses ordres une armée de chenapans et de brigands racolés dans tout ce que la France comptait d’éléments corrompus, vils, lâches et cruels, parmi les sbires, les argousins, les gendarmes, les mouchards, les sergents de ville, les traîtres de