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éternel paletot brun aux poches profondes, d’un pantalon noir, d’une grosse cravate de même couleur et d’un chapeau de soie noir. Le citoyen Delescluze avait en horreur l’uniforme militaire ; seul au milieu de son brillant état-major galonné et doré sur toutes les coutures, il ne portait ni insignes ni décorations. Depuis quelques jours il était toujours armé d’un revolver, qu’il tenait constamment à la main en marchant tout droit devant lui, avec sa raideur habituelle, sous le feu et la grêle des balles et des obus, sans sourciller, sans se retourner. C’était un homme d’un grand courage et de beaucoup de sang-froid, ayant depuis longtemps fait le sacrifice de sa vie à la cause républicaine, qu’il avait toujours servie et pour laquelle il est tombé martyr. Delescluze est mort comme il a vécu, simplement, honnêtement et héroïquement. C’était un homme taillé à l’antique, stoïque, désintéressé et incorruptible. Comme Caton, il n’a pas voulu survivre à la République ; il “ n’a pas voulu ni pu servir de victime et de jouet à la réaction victorieuse ; il ne s’est pas senti le courage de subir une nouvelle défaite après tant d’autres, ” ainsi qu’il l’a écrit dans sa touchante lettre adressée à sa sœur bien-aimée.

La mairie du 11me arrondissement, dernier quartier général des défenseurs de la Commune, tomba au pouvoir des soldats de Versailles. Quand ces forcenés s’en emparèrent, ils tuèrent tous les