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position. Au bout de vingt minutes environ le colonel Brunet déclara lui-même qu’il était impossible de tenir plus longtemps. Le délégué à la guerre protesta contre cette affirmation et ordonna de continuer la résistance quand même. Le feu des troupes était si meurtrier que malgré cet ordre formel les défenseurs de la barricade l’abandonnèrent. Brunet essaya plusieurs fois d’entraîner le citoyen Delescluze, mais ce dernier résista et resta seul derrière ce tas de pavés qui s’écroulait sous les boulets et les obus. Le directeur suprême de la guerre tomba bientôt frappé de deux balles par les premiers soldats qui s’approchèrent. Blessé à la tempe droite et au côté gauche il fut littéralement foudroyé.

Pendant ce temps les maisons du quartier s’écroulaient sous les obus auprès de la barricade conquise. Le vieux républicain, en s’affaissant sur une poutre enflammée, eut la peau du front presque entièrement enlevée par une profonde brûlure.

On a retrouvé son corps au milieu de dix-huit autres défenseurs de la barricade. On l’a reconnu à ses insignes de membre de la Commune. On a trouvé dans sa poche une lettre de son collègue Vésinier lui réclamant du renfort. Il avait sur lui sa montre en or, mais pas d’argent, et sa canne à pomme d’or a été ramassée près de lui. Il était vêtu, comme toujours, d’un costume civil, composé de son