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qui s’approchait, renversant tout, détruisant tout sur son passage ; des lames de mitraille bruissaient d’une façon étrange et donnaient le frisson. Nous attendions anxieux le dénouement horrible de cette lutte terrible. Nos canons, muets pendant la nuit, afin de ne pas signaler nos positions et éclairer le tir de nos ennemis, répondirent vigoureusement et ralentirent la marche de la marée montante, qui s’avançait sur nous, afin de nous resserrer d’avantage encore dans le terrible cercle de feu et de fer qui nous entourait. Nous perdions cependant très-peu de terrain et relativement peu d’hommes.

Pendant ce temps la brigade Langourian s’avance sur l’avenue Philippe-Auguste, et s’empare de la prison de la Roquette à cinq heures du matin. Un massacre épouvantable a lieu, pas un seul de ses défenseurs n’est épargné. Un de nos amis qui a vu deux jours après le théâtre de ce carnage nous disait qu’il était impossible d’imaginer quelque chose de plus horrible.

La même brigade Langourian descendit ensuite la rue de la Roquette et attaqua la place Voltaire, pendant que Vinoy faisait canonner cette dernière des places du Trône et de la Bastille. Le citoyen Delescluze se transporta alors à la troisième barricade, soumise au choc des tirailleurs du 2me régiment provisoire, et voulut, avec le colonel Brunet, arrêter l’abandon déjà très-avancé de cette importante