Page:Vésinier - Histoire de la Commune de Paris.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.

éclaté un projectile ; bientôt ils grandissaient, s’élevaient géants et illuminaient l’horizon. Ce n’est pas exagérer que de dire qu’ils se multipliaient avec la rapidité de l’éclair. On voyait éclore avec terreur cette génération spontanée de brillants foyers. Le feu germait dans Paris d’une manière effrayante ; on aurait pris cette ville pour un parterre de feu dont les roses étaient des incendies.

Nous étions pétrifié et étonné, nous ne comprenions pas la folie incendiaire qui poussait les envahisseurs de Paris à brûler les beaux quartiers qu’ils habitaient et les palais qui étaient leurs apanages, et nous étions loin de supposer alors qu’au mépris de l’évidence on oserait accuser les défenseurs de la Commune d’avoir brûlé la capitale, quand il suffisait d’ouvrir les yeux pour voir les bombes versaillaises du Trocadéro, de l’arc de triomphe de l’Etoile, du Champ de Mars, des Invalides, du Luxembourg, des bastions, de Montrouge, du Palais Législatif, des grands boulevards, de Montparnasse, de la Madeleine, de la place Wagram, de Montmartre, de la gare du Nord, de celle de l’Ouest, des canonnières de la Seine pleuvoir en tous sens sur Paris, allumer d’immenses incendies et tout réduire en cendres. Cela était pourtant visible pour tous, et il faut être de la plus insigne mauvaise foi pour ne pas le reconnaître. Certainement que les projectiles des défenseurs de Paris ont aussi dû causer des sinistres, nous ne le nions pas ;