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massacre devînt si horrible, si atroce, si dégoûtant qu’un des colonels-sicaires eut honte de son odieuse besogne et, dégoûté de son rôle infâme, refusa de continuer de se souiller plus longtemps du sang innocent et demanda à être remplacé, en menaçant d’abandonner son poste. Un autre égorgeur désireux de gagner du galon lui succéda et continua son œuvre sanglante. Une grande fosse fut creusée dans le square de la tour Saint-Jacques, et les cadavres pantelants des victimes encore chaudes, dont beaucoup n’étaient pas mortes, y furent jetés. Les malheureux encore vivants, ensevelis, étouffés, râlaient sous les cadavres. Les voisins entendirent toute la nuit des soupirs d’agonisants, des plaintes étouffées, des appels désespérés à la pitié et au secours. De farouches factionnaires, à demi ivres, complices des assassins, sourds à l’humanité, montaient leur garde d’un air féroce, en titubant et menaçant de mort les passants qui faisaient un appel à leur pitié. Les femmes, les filles et les mères pleurant et implorant pitié pour leur mari, leur père et leur fils massacrés et enterrés vivants, étaient repoussées brutalement et frappées à coups de crosses et de baïonnettes. Dix mille enfants furent massacrés.

De semblables cruautés sans nom eurent aussi lieu sur le boulevard Rochechouart. Voici ce que raconte, à ce sujet, l’Indépendance Belge du 1er juin, très-hostile aux partisans de la Commune, et que l’on