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feu sous la mitraille. Sur la rive gauche le bombardement est tout aussi ardent ; le Palais de Justice, la Préfecture de Police, la Conciergerie, les rues du Bac et de Lille, le carrefour de la Croix-Rouge, les rues Vavin, Bréa, Notre-Dame des Champs, etc., sont la proie des flammes.

À quatre heures du soir, malgré une vigoureuse résistance, le Luxembourg et le Panthéon, bombardés par les Buttes Montmartre sur l’ordre du général Cissey, tombent au pouvoir de l’ennemi. Tous leurs défenseurs qui ne peuvent s’échapper sont impitoyablement massacrés. Le jardin du Luxembourg, couvert de cadavres, est transformé en abattoir et en cimetière ; on y fusille les prisonniers et on creuse leurs fosses à côté. Les marches du Panthéon ressemblent à un charnier : elles sont couvertes de sang et de cadavres.

C’est près du jardin du Luxembourg que l’infortuné Raoul Rigault fut fusillé. Pauvre Rigault, si dévoué, si intelligent, si courageux et si jeune ! Ses assassins ont chargé sa mémoire des plus noires calomnies, ils l’ont dépeint comme un monstre, et cependant nul plus que lui n’avait le sentiment de la justice, dont il était un fanatique. Nous nous rappelons encore, à propos de la discussion sur l’application de la loi des otages, qu’il s’écriait : “ J’aimerais mieux laisser échapper tous les coupables que de faire exécuter un seul innocent ! ” Voilà l’homme qu’on a dépeint comme un monstre de cruauté.