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nouvelées la veille, n’avaient pas été exécutées, que nos tristes prévisions s’étaient réalisées, que les troupes de l’assemblée de Versailles s’étaient avancées dans Paris et emparées sans résistance sérieuse des travaux considérables de défense dont nous avons parlé, avant même qu’ils soient armés et défendus, et qu’il fallait songer à organiser la défense sur d’autres points.

Voici ce qui s’était passé : Le commandant Trèves s’était avancé à trois heures après-midi, le 21 mai, près de la porte de Saint-Cloud, étonné du silence des défenseurs de Paris, qui durait déjà depuis un certain temps. Pendant qu’il examinait la porte un homme en bourgeois parut au bastion de gauche, et y arbora un drapeau blanc. Cet inconnu prononça même quelques paroles que couvrait le bruit de la canonnade de Montretout, néanmoins le commandant crut entendre ces mots : “ Venez, il n’y a personne. ” Sur cette invitation le commandant sauta sans hésiter dans la tranchée, suivi du sergent Constant, du 3e bataillon, du 91e régiment, courut vers le bastion, enjamba le pont-levis dont il ne restait plus qu’une poutrelle, et rejoignit son interlocuteur.

“ Je me nomme Ducatel, ” lui dit celui-ci ; “ je suis piqueur aux ponts-et-chaussées et ancien officier d’infanterie de marine ; vous pouvez avoir confiance dans mes paroles. Paris est à vous si vous voulez