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une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la fraternité ;

“ Décrète :

Article unique. — La colonne de la place Vendôme sera démolie.

“ Paris, le 12 avril 1871. ”

Dire ce que l’adoption de ce décret a soulevé de haine et de colères contre la Commune serait difficile. Nous attachons peu d’importance à ces monuments consacrés à rappeler les souvenirs de fausse gloire et à flatter la gloriole nationale. Nous croyons qu’ils ne méritent que le mépris et le dédain. Mais c’est toujours une chose bonne, morale et utile que de les faire disparaître, afin qu’ils ne rappellent plus aux générations présentes et à celles de l’avenir les triomphes éphémères de la tyrannie et l’égorgement des peuples au profit de quelques bandits couronnés, qui appellent guerres glorieuses le pillage, l’incendie et la destruction des générations. Et parmi tous les monuments qui symbolisent ces époques de carnage en grand et de brigandage héroïque, nul ne méritait mieux que la colonne de la place Vendôme d’être jetée par terre. Ne fut-ce que pour faire disparaître et fouler aux pieds la statue du scélérat impérial drapé en César romain qui la surmontait, la Commune, en faisant disparaître ce souvenir du premier