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le lieu désigné pour leur exécution, leur calme et leur sang-froid ne les abandonnèrent pas un seul instant. Ils ôtèrent eux-mêmes leurs tuniques, regardèrent fièrement leurs bourreaux, profondément émotionnés de tant de fermeté et de courage. Les trois héros stoïques, après avoir découvert leurs poitrines, donnèrent eux-mêmes le signal de leur exécution en criant d’une voix ferme, “ Vive la Commune ! ” “ Vive la République ! ”

Quatre-vingts malheureux gardes nationaux prisonniers furent encore massacrés avec eux par les troupes au service de la réaction royaliste et cléricale de Versailles.

La réponse si simple et si courageuse que Duval fit à Vinoy, lorsque ce dernier lui demanda s’il l’aurait fait fusiller, est admirable. Ces deux mots : “ sans hésiter ! ” si simples, si laconiques et si énergiques sont le sublime de l’expression, de la pensée, du courage, de l’audace et de l’héroïsme.

Cette réplique lacédémonienne est digne de Léonidas et vaut le “ qu’il mourût ! ” du vieil Horace.

Vinoy, le soldat stupide, abruti depuis 1851 par les massacres dont il s’est rendu coupable, n’eut pas même conscience de la nouvelle infamie qu’il avait commise en ordonnant de fusiller ses prisonniers. Il ne vit pas même, ce grand coupable, aveuglé par le crime, qu’en assassinant Duval il tuait un héros.