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Les terribles événements qui se sont malheureusement accomplis depuis le 22 mai, les massacres des défenseurs de la Commune, leurs arrestations en masse et le projet de transportation de plus de 60 mille d’entre eux ont donné le démenti le plus formel à ce paragraphe, et ont prouvé qu’en 1871, l’antagonisme des classes était bien plus grand encore qu’en 1848, qu’il s’était accru et envenimé par vingt-trois ans de compression politique et d’exploitation économique à outrance.

Bien aveugles étaient ceux qui ne l’avaient pas reconnu et qui, comme le journaliste que nous citons, n’avaient vu dans la Révolution du 18 mars, “ que la vieille lutte de la liberté contre l’autorité, du droit municipal et civique contre l’absorption et l’arbitraire gouvernemental. ”

Vouloir réduire la grande revendication sociale des ouvriers parisiens de mars 1871 à un mouvement municipal, c’est faire à ces derniers la plus grossière injure. C’est supposer que les prolétaires de Paris se soulevaient pour conquérir simplement quelques franchises municipales, pour avoir le plaisir et le droit de nommer leurs échevins, pour remplacer Messieurs Haussmann et Ferry par un préfet de la Seine ou des maires de leur choix, pour voter et discuter le budget de la ville, pour surveiller la voirie, l’éclairage public, etc.

Ce n’était certes pas de cela qu’il s’agissait princi-