viennent du parc d’artillerie de la place Wagram, où elles ont été prises hier. Une formidable barricade, armée de quinze mitrailleuses enlevées aux ateliers de la maison anglaise de la rue Tredaine, barre le boulevard Ornano. Tout à l’heure, rue Doudeauville à la Chapelle, et à la Chaussée Clignancourt à Montmartre, on en a construit deux autres à la clarté des torches. Les habitants de ces quartiers ne veulent dans aucun cas que l’ennemi pénètre chez eux. La proclamation de Thiers et l’ordre du jour de Vinoy, annonçant les préliminaires de la paix, l’entrée des Prussiens dans Paris, et recommandant le calme à la population, ont eu fort peu de succès. L’affiche du général Vinoy a été tellement lacérée qu’il n’en reste pas de traces. ..... Cependant rien n’indique jusqu’ici chez les habitants de Montmartre et de Belleville autre chose que des intentions défensives.
« Dans les quartiers du centre le calme et la tristesse remplacent la fébrile émotion et la vive agitation des faubourgs. Ici la froide raison tempère et retient les ressentiments patriotiques ; aussi le sentiment de la résignation est celui qui paraît prédominer dans les groupes et les rassemblements des boulevards. La colère y gronde au fond des cœurs autant et plus peut-être qu’à Belleville. Les plus modérés y rêvent pour l’avenir une terrible revanche.