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pendant vingt ans sous le despotisme honteux d’un tyran monomane, dont l’ambition stupide l’a livré à l’étranger, et qui vient tout à coup de se relever au souffle régénérateur de la liberté.

En présence de l’inauguration de cette Commune, qui personnifie en elle tous ses vœux et toutes ses espérances, la fin de sa misère et de tous ses maux, un avenir de réparation, de liberté et de justice, le peuple a recouvré sa fierté native, sa bonté naïve, son courage, sa dignité, sa grandeur, sa conscience, toutes ses qualités et toutes ses vertus. Il veut être grand, fort et généreux. Il se sent réellement souverain et digne de lui, pour la première fois depuis vingt ans ; digne de la grande cause de l’affranchissement des prolétaires qu’il veut accomplir. Sa joie et son délire éclatent au bruit du canon dans cet instant d’enthousiasme sublime, et se manifestent de nouveau par des cris cent mille fois répétés de “ Vive la Commune ! ” “ Vive la République ! ”

Tous les gardes nationaux pris d’un mouvement électrique, magnétique, irrésistible agitent leurs armes, mettent leurs képis au bout de leurs baïonnettes, élèvent, brandissent leurs fusils en l’air et poussent des hourras frénétiques.

Le président du Comité Central se lève, agite de nouveau sa sonnette. Le canon se tait, les cris cessent, la foule est immobile. Le silence se fait aussi profond, que le mugissement de l’artillerie, le bruit des