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les grands noms de la science, où tous les orateurs en crédit prennent la parole, passionnent, émeuvent et entraînent cette assemblée de savants, quelquefois aussi houleuse et aussi ardente que l’étaient nos assemblées politiques.

Sous le gouvernement de Louis-Philippe, les journaux politiques nous entretenaient d’un discours énergique de M. Odilon Barrot, d’un discours d’affaires de M. Dufaure, d’un discours spirituel de M. Thiers, de la logique pressante de M. Billault, du talent plein d’élévation et de dédain de M. de Montalembert, de la haute éloquence de M. Guizot.

Les journaux de médecine aujourd’hui, dans les grands débats scientifiques et oratoires de l’Académie, apprécient et jugent l’argumentation, la logique, le talent et le succès de chacun ; ils nous entretiennent du langage pittoresque, dramatique, du chirurgien Ricord, cherchant tout à la fois à faire rire et à convaincre son auditoire ; de la dialectique élégante et pleine de faits précis du physiologiste Bérard ; de l’âpre et rude parole, du docteur Gerdy ; de la savante, incisive et spirituelle faconde du chirurgien Velpeau ; de l’atticisme du docteur Bousquet ; de la méthode d’exposition, de la parole vive, animée et convaincue de l’orthopédiste Guérin ; du discours développé et consciencieux de l’orthopédiste Bouvier, enfin des décisives interruptions du secrétaire perpétuel de l’Académie, du docteur Dubois, d’Amiens, dont le bon sens, l’esprit et le savoir se réservent pour écrire d’un style vif, plein de relief et de lumière, l’éloge de ses confrères que chaque année la mort moissonne. Il se rencontre aussi à l’Académie