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novations de ce temps-ci. Elles éteignent d’abord le feu des rivalités ; puis la pratique de l’un ajoute à la pratique de l’autre, et les faits se multiplient pour l’expérience de tous. Ces diverses sociétés médicales constituent pour ainsi dire la science à l’état de gouvernement hiérarchique et régulier.

Dans les sociétés libres de médecine et de chirurgie, les praticiens racontent des faits, examinent même souvent les malades avant et après les opérations chirurgicales, avant et après des traitements heureux ; chacun y produit son opinion, toujours basée sur des faits ou sur des autopsies ; la discussion et la controverse, ne choisissant que des arguments pratiques, ne sortent jamais des limites de l’observation et de l’expérience. Ces nombreuses sociétés médicales représentent pour ainsi dire diverses sections d’un conseil d’État scientifique.

Lorsque tous ces faits, examinés, discutés, contrôlés dans ce conseil d’État, sont assez nombreux pour fonder en médecine toute une doctrine, toute une législation, ces nouvelles doctrines, ces nouvelles législations médicales se produisent au sein de l’Académie de médecine, qui discute à son tour, rejette, amende ou vote les projets de loi. L’Académie de médecine représente le corps législatif de la science.

On pourrait même dire que toutes les émotions, que toutes les stratégies, que tous les drames du gouvernement parlementaire se sont réfugiés à l’Académie impériale de médecine. L’art de la parole, le talent de tribune, l’éloquence passionnée, y comptent de nombreux représentants. Les journaux de médecine donnent de la publicité et de l’éclat à ces séances solennelles, où tous