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à ceux qui écriront l’histoire de la première moitié du dix-neuvième siècle, et seront-ils consultés par eux. C’est le seul honneur auquel puisse prétendre et qu’ait ambitionné ma plume sans expérience et inhabile.

Quelle que soit la destinée de mon œuvre, je devrai à ce long travail d’avoir traversé sans plainte, avec résignation, cette difficile transition entre une vie militante et une situation désarmée. Chacun naît avec des instincts, avec des besoins de repos ou d’activité. Il m’a fallu, toute ma vie, sinon me jeter dans des aventures, du moins tenter d’incessantes et de nouvelles entreprises. Toutefois, je puis dire que la cupidité n’était pas l’aiguillon qui me harcelait. Entreprises littéraires, entreprises théâtrales, campagnes politiques dans des temps de révolution, ne sont pas les chemins les plus sûrs pour atteindre la fortune, assez fantasque, mais qui, cependant, prend souvent les mêmes routes. Le long des chemins divers que j’ai suivis, on trouve plus à moissonner pour les plaisirs et les satisfactions de l’intelligence, que pour assouvir cette triste monomanie d’accumuler des richesses. Certes, ce n’est pas non plus, par le temps qui court, marcher sur les brisées d’un Pereire ou d’un Rothschild, que de consacrer plus d’une année de