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monde ; ses mœurs bourgeoises, son caractère élevé et honnête, ne faisaient ombrage à personne ; Boyer fut nommé chirurgien de l’empereur, et, plus tard, sous la restauration, chirurgien consultant du roi, sans avoir rien demandé.

Lors de la dissolution de l’École, Boyer fut maintenu comme professeur. C’était un petit homme, un peu obèse, inoffensif ; sur la fin de sa vie, il se montrait goguenard à l’endroit de toutes les découvertes nouvelles ; un rhumatisant lui demandait un jour devant moi si des bains de vapeur lui feraient du bien : « Prenez, dit Boyer, mais dépêchez-vous ! prenez-en pendant qu’ils guérissent. »

Il avait l’amour de l’étude et l’habitude quotidienne du travail. Il n’apporta pas dans la science de nombreuses innovations, de grandes découvertes ; mais il a consciencieusement résumé dans ses livres classiques l’état de la science jusqu’à son temps.

Boyer désirait vivement partager l’exil de l’empereur à Sainte-Héiène ; son âge, sa famille, ses habitudes sédentaires, tout concourut à rendre ce projet inexécutable. Il avait proposé cette honorable mission à un jeune chirurgien qui ne l’accepta pas. Aucun chirurgien français n’accompagna l’empereur jusqu’à Sainte-Hélène ; il ne dut recevoir dans ce triste exil que les soins de chirurgiens étrangers.

Il est dans la science deux noms historiques et inscrits tous deux sur l’arc de triomphe de l’Étoile. Jamais peut-être hommes si peu ressemblants l’un à l’autre ne se sont trouvés réunis ; je veux parler de Desgenettes et de Larrey.