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Lorsque vint la restauration, Dubois ne montra pas la même philosophie que Boyer : Boyer se contenta de lire un chapitre de Sénèque et de faire des réformes dans sa maison. Dubois eut la pensée de se faire adjoindre à M. Deneux comme accoucheur de madame la duchesse de Berry ; le premier accouchement de cette princesse n’avait pas été heureux : la mère eut vingt-quatre heures de souffrances, et l’enfant vint mort.

Lors d’une seconde grossesse, personne n’eut la pensée de demander le renvoi de M. Deneux ; mais on proposa de nommer un conseil qui, pendant l’accouchement, se serait tenu dans une pièce voisine. Ce conseil devait se composer de Dubois et du baron Dupuytren, bien en cour. Dupuytren, qui détestait Dubois, refusa, et fit tout manquer.

Dubois fut éliminé de l’École en 1822, mais il fut réintégré avant la révolution de 1830 ; il fut même nommé doyen de l’École dans les premiers jours qui suivirent cette révolution. Il eut assez de popularité et d’influence sur les élèves pour faire échouer toutes les menées démagogiques et pour maintenir l’ordre et le calme au sein de l’École.

Dubois n’a rien écrit en chirurgie ; il fit, comme praticien, une assez grande fortune.

Le père Boyer, que j’ai vu tous les matins pendant plus d’une année, était moins remuant, moins ambitieux, moins passionné que Dubois ; il a porté dans ses livres sur l’anatomie et sur la pathologie externe les méthodes les plus simples, le sens le plus droit et l’esprit le plus pratique. Le grand savoir de Boyer et ses consciencieux travaux étaient honorés par tout le