tout Paris. Ce sobriquet rappelait tout à la fois l’origine de la fortune de Boursault et ce luxe de fleurs rares, aux senteurs délicieuses, au milieu desquelles il se pavanait : Montrond avait appelé Boursault le prince Merdiflore.
J’ai beaucoup connu le dernier fermier des jeux, M. Bénazet, mort il y a peu d’années. C’était un ancien avoué de Bordeaux, homme d’esprit et d’entreprise ; il était obligeant, généreux : il fut le Mécène de quelques gens de lettres.
À la révolution de Juillet, M. Bénazet fut élu commandant d’une des légions de la garde nationale de la banlieue ; Casimir Périer le nomma chevalier de la Légion d’honneur. Harel, ancien auditeur au conseil d’État, préfet dans les cent-jours, ancien exilé politique, puis directeur de l’Odéon et du théâtre de la Porte-Saint-Martin, enfin, dans les derniers temps de sa vie, lauréat de l’Académie française, pour un Éloge de Voltaire ; Harel était très-lié avec Bénazet, dont il reçut plus d’un service. Un soir qu’au foyer de l’Opéra on faisait cercle autour de Bénazet, au moment où celui-ci plongeait ses doigts dans une tabatière d’or, Harel interrompt brusquement la conversation : « Messieurs, s’écrie-t-il, comme Bénazet a l’air riche ! » Dans l’intimité et en riant, les familiers de Bénazet l’appelaient l’empereur. Au contrôle du Théâtre-Français, on lui disait : Mon prince.
La ferme des jeux comptait les maisons suivantes :
Maison du Cercle des Étrangers, rue Grange-Batelière, no 6 ;
Maison de Livry, dite Frascati, rue Richelieu, no 108 ;