bles de la fermeture des jeux. On proposait récemment devant moi un mariage à un jeune homme bien né, élégant, et qui, dans sa vie de joueur, avait su étonner la galerie par des coups d’audace et par de gros bénéfices : « La dot, lui disait-on, est de deux cent mille francs. — Ce ne serait, répondit-il avec tristesse, un mariage possible que si les maisons de jeu étaient rouvertes. »
En 1849, dans un voyage sur le Rhin, j’ai visité toutes les maisons de jeu de l’Allemagne ; j’y ai retrouvé une grande partie du personnel de 1818 ; personnel de tailleurs, de bouts de tables, de Messieurs de la chambre, et surtout de vieux joueurs. La passion du jeu, comme l’avarice, met presque le cœur humain en dehors des autres misères de la vie ; le joueur, l’avare, se nourrissent de chimères, leur plaisir est le seul qui ne craigne pas la satiété ; leur passion sans mélange est toujours plus vive.
Byron, en peignant l’avare, a peint aussi le joueur.
« Les terres lui appartiennent ; les vaisseaux lui apportent les produits embaumés de Ceylan, de l’Inde ou de la Chine. Les routes frémissent sous le blé qui remplit ses chars champêtres ; la vigne lui prépare la grappe qui rougira comme les lèvres de l’Aurore. Ses caves mêmes seraient des demeures dignes des rois ! Mais, méprisant tous les appétits sensuels, l’avare règne sur tout, par la pensée... » le joueur par l’espérance.
Disons-le pour l’honneur de la justice et de la morale, les joies durables de l’avare ne coûtent de privations et de supplices qu’à lui seul ; privations et supplices qui