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Au 113, au biribi, la première mise pouvait n’être que de dix sous ; à la roulette, la première mise ne pouvait être au-dessous de deux francs ; au trente et un, la première mise ne pouvait être au-dessous de cinq francs. Au numéro 154, il y avait une table où l’on ne jouait qu’à l’or. À Frascati, outre la roulette et le trente et quarante, on jouait au craps. Au Cercle, on ne jouait que le trente et un et le creps. À la maison de la rue de Marivaux, il n’y avait qu’une roulette. À quelque jeu que ce fût, la première mise, ou le paroli le plus élevé, ne pouvait, sous la restauration, dépasser douze mille francs. Sous l’empire, la première mise n’était pas limitée.

Chaque maison comptait un chef de partie, des tailleurs de roulette, des tailleurs de trente et un, des tailleurs de creps et de craps, et enfin des bouts de tables, chargés de surveiller, le râteau à la main, les mises et les payements. Chaque chef de partie avait de six à douze mille francs d’appointements ; les tailleurs n’avaient pas moins de six mille francs, quelques-uns sept mille ; les appointements des bouts de tables étaient plus modiques. Quelques-uns étaient d’anciens joueurs ruinés qui vous passaient de temps en temps sous la table cent sous ou dix francs, en vous priant de jouer pour eux. Un de ces bouts de tables était en même temps concierge de la Sorbonne.

Toutes les maisons de jeu de Paris s’ouvraient à midi, et fermaient à minuit. Frascati, seul, restait ouvert une partie de la nuit, suivant le nombre des joueurs et l’importance des mises ; on annonçait à l’avance les deux dernières tailles.