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ses ; néanmoins, le maréchal Gouvion Saint-Cyr aurait dit volontiers, comme le duc de Dantzik, le maréchal Lefèvre, qu’on pressait un jour de se rendre à la Chambre des pairs pour y prendre part au vote d’une des dispositions fondamentales des lois sur la presse, menacée par une majorité hostile : Qui m’aurait dit que ça me ferait un jour quelque chose, à moi, la liberté de la presse ?

M. Guizot fut donc chargé de préparer cet exposé des motifs ; le maréchal présenta ce projet de loi sur le recrutement à la Chambre des députés, dans le mois de novembre 1817 ; il lut d’un bout à l’autre le travail de M. Guizot, qui obtint le plus grand succès. Le maréchal reçut au pied de la tribune les compliments des hommes distingués de tous les partis, avec cette assurance imperturbable qu’il montra sur tant de champs de bataille, au milieu des boulets et des balles de l’ennemi.

Le maréchal ne faisait cependant point mystère de la collaboration de M. Guizot, et il se plaisait à lui reporter publiquement le mérite de son succès.

Le maréchal Gouvion Saint-Cyr conserva jusqu’à sa mort une estime profonde et une amitié vive pour M. Guizot. Toutes les fois qu’on parlait de M. Guizot devant lui : « J’aime cet enfant-là, disait-il, je l’aime comme s’il était à moi. » M. Guizot n’était âgé que de trente et un ans à l’époque dont nous parlons ; le maréchal en avait cinquante-cinq.

M. Charles de Rémusat, dans son discours de réception à l’Académie française, résume avec éloquence l’œuvre politique de la restauration :

« J’aime à le dire devant votre tombeau, royautés dé-