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les divers partis, absolutiste, royaliste, constitutionnel, n’était pas nouvelle. Dès 1789, elle éclata au sein de l’Assemblée constituante ; en 1814, dès les premiers jours de la restauration, elle éclata de nouveau ; elle recommençait avec ardeur au sein de cette petite cour de Gand.

Telle était l’animosité de M. de Chateaubriand et de ses amis contre M. Guizot, que lorsque ce dernier voulut essayer de se mettre en relation avec le Moniteur de Gand, les rédacteurs de cette feuille lui firent savoir par voie indirecte qu’il ferait bien de ne pas se présenter chez eux, parce qu’ils ne le recevraient point. M. Guizot est resté complètement étranger à la publication du Moniteur de Gand ; c’est un fait que j’affirme, par amour pour la vérité, parce que je le tiens personnellement, non-seulement de M. Guizot lui-même, mais aussi de M. de Chateaubriand et de ses amis.

La mission de M. Guizot était toute de prévoyance, et si, après la seconde restauration, le gouvernement du roi ne montra que des sentiments modérés et pacificateurs, ce fut surtout à l’action du comité des royalistes constitutionnels que la France en fut redevable.

À cette seconde restauration, le ministère de la justice fut confié à M. Barbé-Marbois ; on lui adjoignit M. Guizot comme secrétaire général.

Jusque vers le milieu de l’année 1816, le ministère eut à soutenir une lutte persévérante et animée contre la réaction royaliste, d’où était sortie la Chambre des députés introuvables. Cette Chambre, entraînée par l’opinion qui l’avait élue, prétendait imposer au gouvernement de grandes mesures générales de violence et de