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Par les liaisons littéraires qu’il put former dans le salon de M. Suard, M. Guizot s’établit sans peine dans des recueils périodiques, où il consigna ses premiers travaux ; ce fut aussi à ces relations littéraires qu’il dut de connaître mademoiselle Pauline de Meulan, qu’il épousa peu de temps après.

Le célèbre mathématicien Lagrange, sénateur, et dont la gloire scientifique dépasse même celle des plus grands mathématiciens du dix-septième et du dix-huitième siècle, Lagrange, qui n’était plus jeune, aimait les jeunes gens ; il avait pris du goût pour M. Guizot, dont la conversation l’intéressait toujours et l’instruisait souvent. Lagrange avait un grand entraînement pour les études et pour les discussions philosophiques, et lorsqu’il trouvait à qui parler, il se passionnait à chercher avec son interlocuteur la solution des questions les plus élevées.

Un jour que le savant mathématicien s’était laissé aller avec M. Guizot, dans le salon de M. Suard, à un entretien de plusieurs heures, Lagrange prit la main de M. Guizot et lui dit en le quittant : « Jeune homme, si vous persévérez dans toutes vos études, vous tiendrez certainement un jour une grande place dans votre pays. »

La bonne étoile de M. Guizot lui fit encore rencontrer un homme éminent, M. Royer-Collard. Malgré la différence d’âge, ces deux grands esprits se comprirent et se convinrent. Il y a des affinités intellectuelles qui entraînent tout d’abord les esprits les uns vers les autres ; puis une certaine sympathie de pensées, de vues, de sentiments, crée des liens étroits et durables. M. Royer-Col-