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de lui deux hommes distingués : comme chef de cabinet, M. de Beauchêne, écrivain et poète qui compte plus d’un succès littéraire ; et comme secrétaire général, M. Maréchal, administrateur éclairé, modeste, d’une loyauté rare et d’un commerce plein de douceur et d’agrément. Depuis les représentations du Crociato au Théâtre-Italien, placé alors dans ses attributions, le directeur général des Beaux-Arts était tout disposé à ouvrir les portes du grand Opéra français à M. Meyerbeer. Ce dernier demanda deux choses à M. de La Rochefoucauld : 1° de lui lire un scénario que lui, Meyerbeer, aurait composé ; 2° la promesse de faire traduire ce scénario en libretto par M. Scribe. Mais voici ce qui arriva : Meyerbeer lit son scénario au vicomte ; celui-ci cherchait alors un sujet de ballet, dont le principal rôle pût faire briller le talent gracieux et décent de mademoiselle Taglioni, et il trouve avec joie, dans le sujet d’opéra qui lui est lu, le sujet de ballet qu’il cherchait ; tout alors s’arrange pour le mieux : M. Meyerbeer abandonne son scénario à M. de La Rochefoucauld, et celui-ci s’engage d’abord à décider les auteurs de Robert le Diable, alors opéra-comique, à transformer leur libretto en grand opéra, et, de plus, à faire représenter l’ouvrage aussitôt que poëme et partition pourraient être livrés. Tous ces arrangements eurent vite l’agrément de M. Meyerbeer, mais MM. Scribe et Germain Delavigne hésitèrent longtemps à se mettre à l’œuvre ; dans les premiers jours de mai 1830, la partition du nouveau Robert le Diable fut enfin livrée à M. Lubbert, directeur de l’Académie royale de musique. Trois mois plus tard éclate la révolution de Juillet : la direction des Beaux-