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On avait conseillé à M. Meyerbeer, des le premier temps de son séjour à Paris, de choisir et de préférer comme sujet des opéras qu’il composerait à l’avenir pour l’Italie les mélodrames de Pixérécourt, toujours riches en situations émouvantes et en dénoûments dramatiques. M. Meyerbeer se mit donc à lire tout ce qu’il avait pu trouver de mélodrames de Pixérécourt.

Un jour, dans un diner chez madame la comtesse de Bruce, il put citer de mémoire les titres de toutes les pièces de Pixérécourt, dont le nombre dépassait la centaine : Pixérécourt, qui était un des convives, s’écria émerveillé : « Comme ce gaillard-là connaît la littérature française, quoique Prussien : »

À compter de ce jour, M. Meyerbeer devint pour Pixérécourt un grand compositeur que devait accaparer le théâtre de l’Opéra-Comique. Mais l’ami intime de Pixérécourt, même pour un opéra-comique, alla demander un poëme à M. Scribe. Le directeur de l’Opéra-Comique ne s’en fâcha point, seulement il affirma à M. Meyerbeer que M. Scribe n’écrivait jamais de poëme que pour des compositeurs comptant déjà quelques succès sur la scène française, et il s’engagea même à découvrir un bon poëme signé d’un auteur en renom ! Pixérécourt présenta d’abord à M. Meyerbeer un libretto d’Alexandre Duval, Haine et Amour, puis un autre libretto de Dupaty. Meyerbeer n’accepta pour collaborateur ni Dupaty ni Alexandre Duval.

Le frère cadet de M. Meyerbeer était lié d’amitié avec MM. Casimir et Germain Delavigne. Il obtint de ce dernier la promesse d’entrer en collaboration avec M. Scribe pour un libretto d’opéra-comique destiné à M. Meyer-