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CHAPITRE VIII

LA PEINTURE ET LA MUSIQUE SOUS LA RESTAURATION..


David. — L’école de peinture du dix-huitième siècle. — Gros. — Gérard. — Mémoires en quelques pages d’Eugène Delacroix. — Géricault. — Le salon de Gérard. — Cherubini. — Aubert. — Halévy. — Meyerber. — M. Sosthène de La Rochefoucauld. — M. de Beauchène. — M. Maréchal. — L’Opéra ouvert à Rossini. — Rossini à Paris et à Florence. — Une lettre de Rossini.


Action et réaction, c’est la vie de l’homme, c’est la vie des lettres et des arts.

Éveillées par ce premier mouvement littéraire de la restauration, la peinture et la musique furent entraînées par des courants nouveaux.

La peinture, sous l’empire, avait subi le despotisme et avait plié sous un dictateur. Le républicain David prétendit réformer l’école française de son temps par un véritable 93. Toute l’école française du dix-huitième siècle fut proscrite : les Vanloo, Fragonard, Pater, Lancret, Boucher, Chardin, Greuze, et surtout le grand peintre de l’école française, ce grand coloriste, ce fantaisiste charmant, ce maître fin, coquet et naïf, Watteau enfin, furent chassés du temple, et reçurent presque sur la face les plus cruelles et les plus injustes humiliations. Comme la noblesse de France, les tableaux de tous ces maîtres émigrèrent, et ne trouvèrent asile qu’à Londres dans les galeries de collecteurs éclairés ; ce qui resta à Paris des tableaux du dix-huitième siècle se vendit à vil prix, et fut voué au mépris public.