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d’une révolution qui devait rajeunir le sang de notre vieille langue française, renverser les autels des faux dieux, réformer la poétique d’Aristote, de Racine et de Corneille, et peindre l’humanité telle qu’elle est, avec ses beautés et ses vertus, mais surtout aussi avec ses vices et ses laideurs.

Un journal tout littéraire, la Muse française, avait été fondé par les classiques inquiets et menacés ; mais la Muse française déserta et passa à l’ennemi. La Muse française, inspirée par M. Victor Hugo, prit des allures guerrières et accabla de traits meurtriers ceux même à qui elle devait la vie : ce fut comme ces canons pris à l’ennemi, qui jettent le désordre et la mort dans les rangs de ceux qu’ils devaient défendre, les classiques cessèrent bientôt de faire les frais d’un journal qui avait juré leur perte.

Entre ces premières années de la restauration qui virent commencer les premiers coups de feu des romantiques contre les classiques, et l’année 1829, pendant laquelle je fondai la Revue de Paris, il se livra de grandes batailles littéraires ; chacun chercha dans la mêlée la célébrité ou la gloire, mais en 1829 on n’entendit plus le bruit du canon, le combat avait cessé faute de combattants.

Pendant cette période de temps, madame de Girardin (Delphine Gay), Madame Ancelot, MM. Guizot, Cousin, Villemain, Déranger, Casimir Delavigne, Charles de Rémusat, le physiologiste Broussais, Victor Hugo, Sainte-Beuve, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Scribe, Mazère, Empis, Léon Gozlan, J. San-