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des conditions ; il dut accepter par lettres patentes, avant de mettre le pied sur le sol français, la constitution proposée par le sénat. Tels furent à peu près les termes d’un message que le roi reçut du prince de Talleyrand. Il était cependant entendu que quelques modifications pourraient être apportées par le roi Louis XVIII à cette constitution, d’accord avec le sénat.

Le roi hâta son voyage vers Paris ; il arriva le 29 avril au château de Compiègne.

L’abbé de Montesquiou, Becquey, Royer-Collard, y furent reçus par lui. Une députation du corps législatif vint le féliciter de son retour, mais sans parler des conditions imposées, ni de la constitution du sénat.

L’empereur de Russie, l’empereur d’Autriche, le roi de Prusse, Bernadotte, prince royal de Suède, se rendirent aussi à Compiègne, auprès du roi de France. Seul, l’empereur de Russie, à qui l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse avaient remis tous leurs pouvoirs, entretint de nouveau Louis XVIII de la constitution, des volontés du sénat ; il lui fit entendre qu’il devait accepter le titre de roi des Français, qu’il fallait renoncer au droit divin et effacer de ses actes officiels ces mots : par la grâce de Dieu.

L’exilé d’Hartwel fit alors au czar, le souverain le plus absolu de l’Europe, cette réponse pleine de dignité :

« Le droit divin est une conséquence du dogme religieux, de la loi du pays, et cette loi ne peut qu’ajouter à la soumission, au respect des peuples, et par conséquent à leur repos, à leur bonheur ; c’est par elle que, depuis huit siècles, le droit héréditaire de la monarchie