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leyrand de son ardent désir de visiter Paris, du bonheur qu’il aurait d’assister aux séances du conseil d’État présidées par Napoléon, et de s’initier sous un tel maître à la science de l’administration. »

Ces anciennes relations entre l’empereur Alexandre et le prince de Bénévent suffisent à expliquer comment l’empereur de Russie accepta l’hospitalité de l’ancien ministre de Napoléon.

Les princes de la famille royale étaient déjà en France ; le duc d’Angoulême avait fait reconnaître l’autorité royale à Bordeaux. Il y était arrivé dès le 12 mars. MM. de Martignac, Peyronnet, Preissac, Ravez, le comte Lynch, s’étaient mis à Bordeaux à la tête du mouvement royaliste.

Le comte d’Artois se rendit à Nancy avec les pleins pouvoirs de son frère et avec le titre de lieutenant général du royaume.

Une lettre fut écrite, avec l’adhésion de l’empereur Alexandre, à M. le comte d’Artois pour l’inviter à se rendre à Paris. Cette lettre fut portée à Nancy par M. de Vitrolles. À Vitry, un autre messager lui apporta la constitution qui venait d’être décrétée par le sénat.

« Marchons toujours, dit le comte d’Artois à ses amis, nous verrons ensuite. »

Tout le gouvernement provisoire, cinq maréchaux de l’empire, de nombreux détachements de la garde nationale, et une foule immense portant des drapeaux et des rubans, reçurent le comte d’Artois à la barrière, au milieu du plus bruyant enthousiasme. Les maréchaux de