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comme le dit alors, dans une pièce de vers, le chansonnier Alissan de Chazet.

Jamais armée ennemie ne fut reçue dans une capitale avec autant de grâce et de galanterie. Le 1er avril, le Moniteur publia, et on afficha sur les murs de Paris la proclamation suivante du prince de Schwartzenberg :


Habitants de paris !

Les armées alliées se trouvent devant Paris. Le but de leur marche vers la capitale est fondé sur l’espoir d’une réconciliation sincère et durable avec elle. Depuis vingt ans, l’Europe est inondée de sang et de larmes. Les tentatives faites pour mettre un terme à tant de malheurs ont été inutiles, parce qu’il existe dans le pouvoir même du gouvernement qui vous opprime un obstacle insurmontable à la paix. Quel est le Français qui ne soit pas convaincu de cette vérité !

Les souverains alliés cherchent de bonne foi une autorité salutaire en France, qui puisse cimenter l’union de toutes les nations et de tous les gouvernements. C’est à la ville de Paris qu’il appartient, dans les circonstances actuelles, d’accélérer la paix du monde. Son vœu est attendu avec l’intérêt que doit inspirer un si immense résultat ; qu’elle se prononce, et, dès ce moment, l’armée qui est devant ces murs devient le soutien de ses décisions.

Parisiens, vous connaissez la situation de votre patrie, la conduite de Bordeaux, l’occupation amicale de Lyon, les maux attirés sur la France, et les dispositions véritables de vos concitoyens : vous trouverez dans ces exemples le terme de la guerre étrangère et de la discorde civile ; vous ne sauriez plus le chercher ailleurs.

La conservation et la tranquillité de votre ville seront l’objet des soins et des mesures que les alliés s’offrent de prendre avec les autorités et les notables qui jouissent le plus de l’estime publique : aucun logement militaire ne pèsera sur la capitale.

C’est dans ces sentiments que l’Europe en armes devant vos murs s’adresse à vous. Hâtez-vous de répondre à la confiance