Comme tous les grands artistes, mademoiselle Mars aimait le théâtre avec passion ; elle était toujours la première arrivée à l’heure des répétitions. La retraite de mademoiselle Mars fut tardive et lui causa un profond chagrin. Les grands artistes, en quittant la scène, meurent une première fois.
De grandes richesses n’étaient point l’ambition de mademoiselle Mars ; elle ne courait point après la fortune ; mais toute sa vie il lui arriva les plus heureuses aventures d’argent : des héritages, des présents anonymes. Outre sa part de sociétaire, elle touchait un traitement de trente mille francs par an, et faisait d’amples récoltes pendant ses congés.
Mademoiselle Mars était généreuse et bienfaisante ; elle recueillit chez elle, pendant d’assez longues années, la vieillesse et la misère d’un ancien acteur de l’Odéon, du nom de Walville. Se trouvant en représentation à Toulouse, elle offrit une amicale hospitalité à une actrice du nom de Julienne, qui fut longtemps sa dame de compagnie.
Mademoiselle Mars mourut à soixante et onze ans. Elle a sa place marquée dans les annales du théâtre et de notre histoire littéraire ; elle donna pour ainsi dire aux œuvres de Marivaux une seconde jeunesse ; elle fit surtout revivre avec éclat, pour les jeunes générations de ce demi-siècle, les créations immortelles d’Elmire, d’Henriette, de Célimène, qui sont la gloire de Molière et l’honneur de notre littérature.
Mademoiselle Mars a souvent joué à côté de Talma dans Misanthropie et Repentir, et dans l’Ecole des vieillards, de Casimir Delavigne.