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été payée jusqu’à ce jour sur les fonds du ministre de l’intérieur.

Art. iii. — La recette journalière de la Comédie sera employée à payer les parts et divisions ou fractions de part des comédiens, conformément à l’état qui existe aujourd’hui.

Il sera pareillement pourvu, sur les mêmes fonds, au traitement de ceux qui ne seront pas reçus à part, et à toutes les autres dépenses.

Aucun comédien ne recevra, à l’avenir, ni supplément, ni indemnité sur les fonds du ministère de l’intérieur ou de la police.

Art. iv. — À compter du 1er vendémiaire an xi, le prix des loges, par quelques personnes qu’elles soient occupées, sera versé dans la caisse du théâtre.

Art. v. — Il sera soumis incessamment aux consuls, par le ministre de l’intérieur, un règlement de police et d’administration pour tout ce qui intéresse la Comédie-Française.

Art. vi. — Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté.

Le premier consul,
Signé : Bonaparte.


Le 11 décembre 1802, Molé, grand acteur, mourut à l’âge de soixante-neuf ans, après avoir joué pour la dernière fois, le 24 avril 1802, le rôle de Dubriage, du Vieux Célibataire. Le général Jubié, au nom du premier consul, assista au convoi composé de plus de trente voitures de deuil ; le corbillard était attelé de six chevaux. Un service eut lieu à Saint-Sulpice ; le curé de cette paroisse y prononça l’éloge de Molé, en s’élevant contre les préjugés qui pèsent sur la classe des comédiens. À Antony, le corps, qui fut inhumé dans une propriété de Molé, fut encore présenté à l’église ; le curé et le maire prononcèrent chacun un discours sur les qualités privées et sur les grands talents de Molé.

Nous verrons sous la restauration se produire des