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champ de bataille, chefs-d’œuvre du génie, soudaines et courageuses inspirations de la charité, en France, l’admiration la plus passionnée ne vous manquera jamais !

L’empereur cultivait avec persévérance ce besoin d’admiration du peuple français ; il tenait à l’éblouir et à flatter sa fierté par des arcs de triomphe, par des colonnes d’airain ou s’inscrivaient nos victoires ; il élevait jusqu’à lui et comblait d’honneurs tous ceux dont les travaux enrichissaient l’industrie, l’agriculture, le commerce, les arts, les sciences et les lettres. Il laissait peu au caractère français le temps de railler ; il n’aimait pas la raillerie ; il détestait surtout l’oisiveté moqueuse, toujours intéressée à entraver les efforts et les succès d’autrui. Toutes les célébrités qui n’étaient point ennemies, toutes les institutions qui pouvaient instruire ou charmer l’esprit français avaient droit à d’honorables munificences, et lui inspiraient un constant et vif intérêt.

L’empereur était sincère, consciencieux dans son admiration, dans son respect pour tout ce qui était grand, utile, ou seulement honnête.

Il existe dans les archives du ministère des finances une lettre de l’empereur, bien peu connue et qui témoigne de sa haute et sincère estime pour les gens de bien.


« Paris, le 3 ventôse an ix de la République.

» Je sens vivement, citoyen ministre, la perte que nous venons de faire du conseiller d’Etat Dufresne, directeur du trésor public.