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CHAPITRE V

LES SCIENCES, L’INDUSTRIE, L’AGRICULTURE, LES ARTS ET LES LETTRES SOUS L’EMPIRE..


Députation de l’Institut. — Rapport de Chénier. — Décret impérial instituant des prix décennaux. — Lauréats des prix décennaux. — Lettre de l’empereur sur Dufresne. — L’empereur et la Comédie-Française. — Molé ; ses funérailles. — Liste des tragédies et comédies représentées devant l’empereur. — La comédie ou la tragédie à Sainte-Hélène. — Création du Conservatoire. — Mademoiselle Mars à une revue. — Mademoiselle Mars sifflée et outragée. — Portrait de mademoiselle Mars. — Les classiques et les romantiques chez mademoiselle Mars. — L’Opéra sous l’empire. — Le théâtre Feydeau. — Le théâtre du Vaudeville. — Le théâtre Montansier. — Le théâtre des Variétés. — Le ci-devant jeune homme. — Merle ; son portrait. — Conclusion.


On a traité de haut en bas la littérature de l’empire, on a poussé la sévérité de la critique jusqu’au dédain. L’empereur, dont le génie comprenait et embrassait tout, aimait les lettres ; il les aimait pour elles et pour la gloire de son règne ; il eut voulu pouvoir faire manœuvrer l’esprit humain, comme il faisait manœuvrer ses vieux bataillons ; il enviait au siècle d’Auguste et au siècle de Louis XIV leurs poëtes, leurs écrivains, leurs orateurs de génie. Il a dit quelque part qu’il eût pris Corneille pour premier ministre. Il eût nommé Racine sénateur, richement pensionné Molière, fait lire à Saint-Cloud les Femmes savantes et le Misanthrope ; on eût représenté ses chefs-d’œuvre sur tous les théâtres de la cour. Aurait-il laissé jouer Tartufe ? Il eût aimé et souvent reçu Boileau, comme représentant dans les lettres