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ses entreprises prirent les plus vastes proportions, et qu’il dut opérer sur la plus grande échelle. Ce fut alors qu’il s’associa M. Vanlerberghe.

Avec les gros bénéfices qu’il récoltait chaque jour, M. Paulée, qui avait le génie de la spéculation et qui croyait à l’empire, acheta, dans le département du Nord, des biens nationaux et des biens du clergé. Au commencement de la restauration, on évaluait la fortune de M. Paulée à cinq cent mille francs de rente ; il plaça ses capitaux en propriétés, sous le nom de sa femme, partie en France, partie en Belgique. M. Paulée ne possédait sous son nom que quelques maisons à Paris ; il avait à sauvegarder sa fortune des sévères règlements de compte et de la justice un peu brutale de l’empereur, aussi bien que des suites inquiétantes des procès d’affaires et de famille survenus entre lui et M. Vanlerberghe.

La dot que M. Paulée donna à son fils s’éleva à deux cent cinquante mille livres de rente, et le contrat de mariage de M. Paulée fils avec mademoiselle Vanlerberghe coûta quatre-vingt mille francs d’enregistrement.

M. Paulée ne savait presque ni lire ni écrire, mais il s’entourait de commis intelligents, dont il faisait la fortune, de jurisconsultes éminents, d’administrateurs éclairés et habiles ; il donnait à ses premiers commis jusqu’à quarante mille francs de traitement par an, un appartement somptueux, et leur ménageait les faveurs de quelques jeunes débutantes du Théâtre-Français. M. Paulée aimait beaucoup le Théâtre-Français ; il aimait Surtout la tragédie : cela tenait à ce que mademoiselle Duchesnois, qui jetait alors un grand éclat comme tra-