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répéter ma leçon et m’endormir ; car il est deux heures du matin. Il n’y a rien de nouveau : on fait toujours des progrès sur les rebelles ; il y en a qui se pacifient. Adieu ! je t’embrasse.

» J’ai vu la belle Fanny, je dîne incessamment chez son père. »



armée du rhin.
(2e division.)
DUBOIS CRANCÉ,
Chef de brigade du 1er régiment de chasseurs à cheval.


Le 27 germinal an viii de la République française, une et indivisible.

« Je suis arrivé il y a quatre ou cinq jours, mon cher ami, et encore à temps pour organiser mon régiment. Cependant tous les préparatifs se font pour une attaque générale, et je suis presque sûr que nous passerons le Rhin dans peu de jours. L’armée est belle et très-forte ; on la porte à cent vingt mille combattants, et il n’y a rien d’exagéré ; néanmoins il manque beaucoup de choses, et surtout de l’instruction ; car la moitié de tout ce monde n’a pas vu le feu. Au reste, l’ennemi n’est pas mieux que nous de ce côté ; ils ont aussi beaucoup de recrues qu’ils ont amenés de la Bohème et de la Moravie, et qui arrivent enchaînés ; il en déserte quelques-uns. Nous n’aurons pas, en débutant, d’affaires bien vives ; ils ont ordre de se replier jusqu’à l’entrée des montagnes ; là seront les premiers combats ; mais c’est à Stokach, à l’entrée de la Souabe, que se décidera la possession de cette province. Espérons que le nombre et