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MÉMOIRES
D’UN BOURGEOIS
DE PARIS
CHAPITRE PREMIER
QUI JE SUIS.
Mon enfance. — J’étudie la médecine. — Les matinées dans les hôpitaux. — Cent cinquante nouveau-nés. — Deux cents nourrices. — MM. Andral et Bouillaud pour concurrents. — Neuf saignées. — Une portière sauvée. — Grandeur et décadence. — Une simple histoire autour d’un cercueil.
Né à Paris le 5 avril 1798, je fus élevé rue du Bac, au fond d’un magasin de papeterie. Le luxe, les plaisirs, les riantes et douces illusions ne firent point cortége à mon enfance ; la vie de la veille ressemblait à celle du lendemain. Pour mettre ma jeunesse à l’abri de tous les dangers de l’oisiveté, on me faisait encore l’avenir moins gai que le présent : « Nous vivons modestement par nécessité, me disait-on ; ne compte, pour entrer dans le monde, sur aucun appui, sur aucune fortune. » Mais, malgré ces avertissements sévères, on n’en était pas moins économe, moins industrieux, moins persévérant à amasser péniblement quelques épargnes. Seulement,