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manciers et nos poëtes prennent leur bien où ils le trouvent. Les honnêtes gens rougissent devant ces tableaux, et les recherchent pourtant avec une vive curiosité, tout en criant au scandale.

Dans ces Mémoires, j’ai tenu surtout à rappeler les folies politiques de notre temps : folies politiques qui, en se succédant à de courts intervalles, expliquent même cette vivacité des sentiments de famille et des sentiments religieux. Lorsque des troubles et des désordres agitent la place publique, on se retire au sein du foyer domestique, au milieu des siens ; on se réfugie au pied des autels.

En racontant comment se préparent, comment s’accomplissent et comment finissent toutes les révolutions, je me suis proposé pour but de montrer sur quelle pente rapide on glisse, pour arriver bientôt aux premiers tumultes de l’insurrection, et pour tomber ensuite dans tous les abîmes de l’anarchie et de la démagogie. Ne pouvons-nous pas dire de tous ces mouvements désordonnés et convulsifs des peuples, après en avoir tant vu : Ab uno disce omnes !

J’ai regardé comme un devoir de faire parvenir les six volumes des Mémoires d’un Bourgeois de Paris à Sa Majesté l’Empereur. Voici la lettre