Un collectionneur de nos amis possède une lettre autographe de Marceline non datée ni signée, la seule connue de ce genre, et vraisemblablement écrite vers 1809 ou 1810, lettre des plus suggestives qui a échappé au feu. Après bien des tergiversations, et en présence de l’indiscrétion commise par la publication de M. Rivière, notre ami a fini par nous autoriser à la reproduire en fac-simile.
Ne viens pas demain, bien aimé, j’ai mille corvées à faire, des visites d’obligation. Hier, j’ai reçu celle d’un gros homme d’esprit tout poudré, qui s’est d’abord mis à deux genoux pour demander merci. J’ai ri ! et j’ai reçu l’hommage de ses bonbons et de ses almanachs, que dis-je ! des plus précieux recueils du monde, puisque le nom de tout ce que j’aime s’y trouve. J’ai baisé ce nom qui décidera de mon sort. Adieu, mon Olivier.
Et mes trois frères, mes trois amis ? Apporte-les-moi donc, je t’en prie, ne laisse pas écouler un jour sans travailler. Songe que tu t’occupes de mon bonheur. Je la veux, cette jambe de bois chérie, ce pauvre poète déchiré, et surtout ce barbier laid et intéressant ; que tu as bien fait de les mettre en Espagne ! Ils n’ont jamais froid. Viens-y, petit ami, viens nous chauffer au soleil le plus pur. En attendant je te verrai samedi au coin du feu de mon amie[1].
- ↑ Dans ce fac-simile l’écriture a été réduite de moitié.