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VÉNUS EN RUT


nous quittant, donna un coup d’œil à Honoré, qui voulait me dire, ma bonne maîtresse, vous avez à qui parler, prêtez-moi le petit. Je l’entendis et lui fis un signe de tête.

L’abbé débuta comme un militaire, tout se passa à merveille ; il était jeune, vigoureux ; je voulais lui donner bonne opinion de moi. Il fut galant comme un Français ; cependant je me doutai, par des éloges trop pompeux qu’il faisait de mon joli derrière, que, tôt ou tard, il y viendrait ; cela ne fut pas long.

Le matin, en me le posant, en tout bien tout honneur, il me demanda si je n’avais pas encore essayé la chose. Je lui protestai que non.

— Ah ! divine, s’écria-t-il, quoi zamais !

— Non, je ne me suis pas trouvée dans le cas.

— Vous n’avez donc pas été curieuse de tout connaître ?

— Curieuse, si fait, c’est un de mes surnoms, mais j’ai cru qu’on pouvait se dispenser de cette recherche.

— Non, une femme d’esprit, aimable, pétrie de grâces partout, est adorable partout, et complaisante ; elle doit vouloir ce qui fait le bonheur de ses amis.

— Mes amis ne me l’ont point demandé, d’ailleurs.

— Quoi, des prézuzés ? des déclamations de