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VÉNUS EN RUT


avec moi, « si z’étais absolument seule et assez indulzente pour le permettre. »

J’accepte ; l’abbé me demande l’heure du souper pour s’y rendre un peu avant, ayant deux mots à dire à Son Excellence. Je la lui donne ; il disparaît.

Restée avec Fanchette, nous concluons que l’abbé, qui veut manger un poulet, doit être le pigeonneau du repas. De gros diamants, point trop usés ; de grosses chaînes d’or, au poinçon de Paris ; des dentelles, car ces messieurs en portent, tout annonçait un abbé moelleux ; d’ailleurs d’une bonne figure.

— Madame, me dit Fanchette, l’aimez-vous ?

— Non.

— Il faut donc le plumer ; si vous n’avez pas cette force, je m’en charge, c’est votre premier petit-collet ; qu’il ne vous ait que l’or à la main ; je me contenterai de l’argent ; et, si ma peau le tente, il la payera : je ne la prête qu’à mes amis.

Nous rentrâmes, j’ordonnai à mon hôtel d’augmenter mon souper ; le maître sourit, en répondant que je serais obéie ; il avait déjà le mot de l’abbé, qui ne tarda pas à se faire annoncer.

Compliments échafaudés les uns sur les autres, riposte de ma part, petits attouchements, car les Italiens sont grands patineurs, et puis proposition de vingt-cinq louis pour la nuit qui