est-ce que vous n’avez jamais vu de femmes ?
— Je vous demande pardon, mais point d’aussi belle que vous.
— Une bonne maîtresse ne se gêne point avec des domestiques qu’elle aime ; je vous regarde comme une seconde Fanchette ; vous êtes plus jeune, et vous avez la fraîcheur de l’innocence.
— Fanchette, ma belle maîtresse, aura la préférence, elle est l’ancienne.
J’allais répondre, mais ma confidente coupa la phrase, et lui dit :
— Va, Honoré, ouvre le lit de madame, donne-lui la main, couvre-la bien, et tu verras que les nouveaux valent mieux que les autres ; elle se retira, me souhaitant bonne nuit.
Honoré devait coucher dans mon antichambre ; il tournait sans cesse autour de moi, pour arranger le traversin, oreiller, couverture ; tout en se rendant utile, il rencontra mes pieds, et sans le vouloir, m’y procura une démangeaison très ressentie. Je suis très chatouilleuse, ou plutôt j’aime à être chatouillée, c’est un de mes plaisirs.
— Ah ! fais, lui dis-je, petit ami !
Il continua avec tant d’adresse, que je tirai une jambe du lit, pour la lui livrer ; il avait des doigts d’une légèreté qui me forçaient à des mouvements qui l’enchantaient, en lui prouvant qu’il se rendait utile ; ses mains, du pied, ga-