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VÉNUS EN RUT


savait comment renouer la conversation ; j’en fis les frais.

— D’où vous vient cet embarras ? N’est-il pas vrai que si je ne me donnais une supériorité sur vous, et que je fusse habillée en bergère, vous ne seriez pas si timide ?

Il sourit.

— Vous répondriez à mes prévenances avec égalité ; je n’ai point d’orgueil, la richesse n’est qu’une fausse supériorité ; je n’en ai point d’autre sur vous, ni ne veux en avoir ; je prétends que vous soyez parfaitement libre avec moi, et que vous ne me rendiez que les services qui ne coûteront point à votre cœur.

— Oh ! madame… oh ! ma chère maîtresse ! aurais-je pu espérer ce bonheur ? Je ne sais ce qui se passe dans ce cœur, qui vous obéira sans cesse ; je ne me suis point encore trouvé en un pareil état.

Il est vrai que le pauvre enfant avait le front couvert de sueur. Ô nature ! que tu parles avec une force irrésistible ! je me hâtai de lui tendre la main ; il la prit ; je serrai la sienne légèrement ; il me le rendit avec un doux frémissement : j’attirai sa main sur mes genoux, il l’y fixa ; je le dévorais des yeux ; sans doute il lut dans les miens. Je le baisai, malgré moi, sur la bouche ; il appuya ses jolies lèvres sur ma joue et versa quelques larmes. Tu vois que, dans