coup d’œil, qui s’enrichit par les navires qui
passent pour gagner Marseille ou le Levant.
Lucinde aimait la promenade ; elle n’avait rien
de mieux à faire ; le chevalier Triston était
attaqué du spleen ; sa maîtresse avait besoin de
moi pour se distraire, ne pouvant jouir des consolations
galantes que de jeunes Provençaux lui
offraient, parce que Triston était mauvais plaisant.
Nous fûmes au jardin, si connu de monsieur Fille, qui n’est qu’un carré, peu vaste, planté de ces arbres précieux qui portent les pommes d’or ; ce verger délicieux, qu’un poète appellerait Champs-Élysées, jardin des Hespérides ou l’Éden, est d’un produit supérieur à celui d’une terre considérable. Là je foulais aux pieds la fleur d’oranger ; ce fruit, d’une forme et d’une couleur si agréables, se présentait partout sous ma main : plus loin l’ananas, le poncire, le citron, la bergamotte, offrent leurs parfums variés : les berceaux d’Idalie et de Paphos étaient moins enchanteurs ; aussi j’y cueillis… quoi…? Un amour.
Tu vas me demander quel arbre porte ce fruit si rare ? Le hasard. Étant entrée dans la maison du jardinier, un jeune garçon, beau comme Hylas, s’y présenta avec une aisance décente.
— Parlez-vous français, mon ami ?