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VÉNUS EN RUT

— Point de compliments, lui dis-je, monsieur, nous sommes jeunes, nous sommes d’un sexe différent, les égards les réunissent ; vous pouvez m’être utile pour un dessein, j’en serai reconnaissante : venez me trouver chez la dame Béatrix, chez qui je loge ; et, si vous consentez à m’obliger, je resterai quelques jours ici.

Tu devines, ma chère, que la tête pensa lui tourner : rendez-vous donné et reçu pour le lendemain à mon lever : huit heures sonnent, on me l’annonce ; je reste au lit, il entre ; le voilà près de moi.

Pour lui peindre ma singulière envie en termes clairs, il fallait commencer par lui montrer que je n’étais qu’une femme galante ; pourquoi ne pas le lui prouver ? Je lui découvris, insensiblement, mes vues et mes appas : il aurait mal fait, dans ce moment, une démonstration anatomique, mais j’étais sûre d’une physique transcendante ; je le voyais tout de flamme ; je n’étais pas moins ardente : un drap fin et léger faisait ma couverture, il m’assommait ; je fis un mouvement, qui envoya tout au diable : ce fut la première minute d’une jouissance très flatteuse. Desmarais, ne se contenant plus, me couvrit la gorge de baisers si répétés que je craignis d’être dévorée par ce lutin.

— Il est inutile de mettre trop d’obstacle à votre ardeur, lui dis-je, mon cher ; je sens que