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VÉNUS EN RUT


m’amène à ses talents et me détaille les cures incurables faites par sa jolie main, oui, jolie ; aussi eut-il soin de me la montrer. Il était embarrassé de m’offrir les secours de son art, me voyant une santé aussi brillante que celle d’Hébé ; ne pouvant parler du présent, il pensa au futur.

— Madame habite cette province, je m’en aperçois à cet accent agréable et cadencé qui, dans sa bouche, a tant de charmes : si jamais un sort contraire vous soumettait à quelque accident chirurgical, j’ose vous supplier de ne me pas oublier : ce que je sais, ce que j’apprendrai, tout est à vous ; et, dans cette infortune, Desmarais serait à vos ordres.

— Vous êtes obligeant, monsieur, lui répondis-je, et méritez, en revanche, d’être obligé ; vous me parlez avec une douceur qui annonce une âme franche et sensible ; j’habite C…, vous voyez que je suis voisine ; comment pourrai-je reconnaître ?… Je le regardais ; mes yeux scélérats n’ont jamais fixé impunément un jeune homme ; quelques regards encore plus déterminés ne lui permirent de proférer qu’un :

— Ah ! madame, en vérité !…

Son embarras me pénétra ; une coquette s’en serait moquée, une vraie courtisane, préférable à ces femmes fausses, ne méprise jamais celui qui est subjugué par ses charmes. Je lui rendis sa première hardiesse.