jeu des organes par lesquels je donnais et je
recevais des flammes voluptueuses ; je voulais
concevoir le mécanisme, si compliqué, des
muscles fermes ou flexibles, des nerfs érecteurs
ou extenseurs, des glandes tuméfiées ou aplaties :
je voulais palper les parties internes ou
externes, dont l’existence faisait ma félicité. Je
voulais apprendre où sont ces divins réservoirs
qui renferment la liqueur sacrée, et découvrir
comment cette sécrétion précieuse se forme,
s’épure et passe par les ramifications de canaux
imperceptibles. Auquel de mes amants aurais-je
pu demander ces lumières ? Tous m’auraient
répondu :
— Nous te croyons curieuse, Rosine, mais pas à cet excès : notre talent est de sonder tes jolies profondeurs ; nous laissons celles de l’anatomie à ceux qui veulent se rendre utiles, nous ne voulons être qu’agréables.
Le hasard me servit, je fus à Toulon voir lancer un vaisseau de guerre : fatiguée de parcourir cette ville dont la position est si enchanteresse, et d’examiner ce qu’une femme voit si mal, je m’étais assise au Champ de Mars. Un jeune chirurgien de marine prit place à côté de moi ; la conversation s’ouvrit ; nous parlâmes vaisseaux, modes, fortifications, spectacle, etc. Puisqu’il est décidé que tout homme parlera de son métier, voilà mon bourgeois d’Épidaure qui