je volai retrouver la Molinière avec d’autant
plus de joie, que Francour venait de sortir pour
quelque temps. Dès qu’il me vit entrer, il se
plaignit de mon absence ; je souris ; il me
demanda pourquoi ; au lieu de le consoler, je
ne daignais pas partager ses peines.
— C’est, lui répondis-je, parce que je crois que vous vous êtes suffisamment distrait, pendant mon abandon forcé ; on pelotte en attendant partie.
— Quoi, vous me faites l’injustice, belle Rosine, de penser que… mais j’ai preuve…
— Qui ne prouve rien ; je suis bonne princesse, et je n’ai pas le temps de vous gronder ; je viens vous donner une heure ; voilà une pénitence, n’est-ce pas ?
Alors il détache, avec adresse, mon mouchoir importun ; il enlève mes épingles et me prie de si bonne grâce de faire disparaître mes jupes, que dans l’instant Fanchette fait de moi la religieuse en chemise.
— Ah ! ma Rosine, s’écria-t-il, que ne puis-je m’attacher à vous ? Le jour que vous m’accordez est le plus brillant de ma vie, mais il aura la rapidité de l’éclair… Quelle gorge ! en y imprimant mille baisers ; quel bouton de rose ! en le plaçant entre ses lèvres brûlantes ; puis, relevant tout ce qui s’oppose à sa vue, sa bouche amoureuse rend hommage à toutes les parties de